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Very happy to share with you this great revue published in the Kölner Stadt Unzeiger!

By Gisela Schwarz, about my Bach and Bartok recital at Sinngewimmel 

Thanks a lot to Lou Héliot for the french translation…

Un violon qui sonne comme un véritable orchestre à cordes

Anna Göckel joue Bach et Bartók au Sinngewimmel de Refrath

Bergisch Gladbach. La violoniste Anna Göckel a donné un concert intitulé “Sei Solo” au Sinngewimmel de Refrath. Ce titre trouve son origine dans les œuvres de Johann Sebastian Bach “Sei solo a violino senza basso accompagnato”, les sonates et partitas pour violon seul. C’est sur un Guarneri particulièrement mélodieux que Göckel interprète la Sonate en Sol mineur BWV 1001 et la Partita II en Ré mineur BWV 1004. Lorsque Göckel apparaît sur la petite scène, la salle se trouve immédiatement plongée dans l’atmosphère méditative qui l’entoure. Au comble de la concentration, un léger sourire sur les lèvres, elle entonne l’Adagio. On a l’impression d’un prélude improvisé, tant les intonations semblent spontanées et les doubles-cordes exécutées avec aisance. Différentes voix se répondent, et nous font oublier qu’il s’agit d’un instrument solo. Comme Bach l’avait souhaité, l’Adagio est tout immédiatement suivi par la fugue à quatre voix, véritable expression du “chant” de Bach, qui fait appelle à toutes les possibilités techniques de l’instrument à cordes. Göckel a intériorisé la musique baroque, qui, après plusieurs siècles, n’a rien perdu de sa sincérité. Une expérience de beauté et d’exigence pour le public. Dans la Sicilienne, c’est un véritable dialogue qui se développe entre l’aigu et le grave, sur un rythme chaloupé. Le temps d’un Presto, un feu d’artifice de triples croches éclate au-dessus de la salle. 

Vient ensuite la Partita II en Ré mineur, qui comprend quelques pièces très connues, dont la mélancolique Sarabande et la dynamique Gigue. Elles sont suivies de la Chaconne, avec ses 32 variations et sa modulation en majeur. On croit alors entendre un véritable orchestre à cordes, grâce aux basses toujours changeantes.

Pour conclure le concert, la violoniste a choisi la sonate pour violon Sz 117 de Béla Bartók, écrite pour Yehudi Menuhin par le compositeur hongrois exilé aux États-Unis. Dès les premières mesures du “Tempo di Ciaccona”, le parallèle avec la partita en ré mineur de Bach s’impose : chez Bartók, des thèmes d’inspiration baroque alternent avec des intonations résolument modernes, des quarts de tons, des pizzicati, des doubles-cordes et des ostinati en cordes vides.

Les vibrations les plus subtiles

Menuhin avait déclaré cette sonate injouable. Göckel nous le fait oublier, tant elle se meut avec aisance dans cette architecture sonore complexe, fait monter la tension et la laisse s’éteindre lentement sur son formidable instrument. Dans la Mélodie, les sonorités hongroises transparaissent dans les vibrations les plus subtiles, que la violoniste poursuit jusque dans les aigus. Le Presto est un véritable feu d’artifice d’émotions. Avec son archet entraînant, Göckel convoque le désespoir, la révolte, et peut-être la pointe d’espoir du compositeur en exil. Ce soir-là elle incarne l’âme de Bach et de Bartók.

Gisela Schwarz – traduction Lou Héliot 

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